Pierre J. Jeanniot
O.C.,C.Q.,B.Sc.,LL.D.,D.Sc.
Bâtir l’UQAM
C’est dans un Québec en pleine transformation que Pierre J Jeanniot a joué l’un des rôles les plus importants de sa carrière. Arrivé à Montréal en 1947 avec sa mère dans l’espoir d’y vivre une vie meilleure que dans sa France d’origine, le jeune Pierre Jeanniot s’illustre à l’école par un talent indéniable et une certaine envie de rébellion. « J’ai été fichu à la porte trois fois! se rappelle-t-il. En dernière année, j’ai été privé de cours pendant les dernières semaines, mais j’ai quand même fini deuxième sur l’île de Montréal. »
C’est à la remise de diplômes qu’il reçoit une moins bonne nouvelle : « Le directeur de l’école m’a félicité pour mes notes, mais m’a dit qu’il refusait de recommander que je remporte une bourse qui m’aurait permis d’aller à l’université à cause de mon comportement. » Sans les préalables nécessaires et avec peu de moyens, le jeune diplômé n’a alors d’autre choix que de se lancer sur le marché du travail.
« J’ai donc commencé comme dessinateur industriel, sans même avoir de formation dans le domaine », explique Pierre Jeanniot. L’idée de poursuivre ses études à l’université restait toujours dans ses pensées, mais ni l’Université de Montréal ni McGill n’offraient de cours de soir dans le domaine qui l’intéressait. « J’ai entendu parler d’une université anglophone, Sir George Williams, qui deviendra Concordia, où c’était possible. Je me suis inscrit à des cours de physique et de mathématiques. » Il entre chez Air Canada comme technicien en électronique et conjugue ses études, auxquelles il consacrait près de 30 heures chaque semaine en soirée, à son travail à temps plein. Pendant 10 ans, il poursuit ce rythme difficile. Il complète son baccalauréat et entreprend des études à McGill en administration. Il s’illustre chez Air Canada, où son talent est reconnu et lui permet de monter les échelons.
En parallèle, la société québécoise se transformait rapidement. Après la création des cégeps dans les années 60, de nombreuses personnes souhaitaient poursuivre leurs études à l’université, une demande à laquelle le système de l’époque ne pouvait pas répondre. Le gouvernement recommande alors la création d’un réseau d’universités afin que ces personnes aient accès aux études, peu importe leurs moyens financiers.
Plusieurs comités sont mis sur pied pour jeter les bases du Réseau de l’Université du Québec, dont un comité technologique, qui veillait à ce que le Réseau soit au fait des nouvelles avancées de l’informatique. Invité par un ancien collègue à y siéger, Pierre Jeanniot, devenu spécialiste en recherche opérationnelle, en devient le seul représentant ne provenant pas du milieu universitaire. Fonder une université – ni même dix! – n’avait jamais été dans ses plans, mais, lui-même empêché d’aller à l’université à la sortie de sa 12e année, l’idée de donner à d’autres la chance de poursuivre leurs études en français l’a convaincu de rejoindre le comité, dont il devient rapidement président. « J’ai demandé un congé d’un an d’Air Canada, et j’ai aidé à créer le Réseau de l’Université du Québec. »
Grâce à beaucoup d’efforts, l’UQAM naît en 1969. Pierre Jeanniot rejoint le Conseil d’administration de l’Université, dont il devient président en 1972, jusqu’à ce qu’il crée la Fondation et en devienne le premier président. « Malgré les postes importants que j’ai eus chez Air Canada et à l’Association internationale du transport aérien, je suis toujours resté proche de l’UQAM. J’ai toujours pensé que quand j’en aurais les moyens, je donnerais des bourses pour encourager les étudiants », explique celui qui a remis à ce jour plus d’un demi-million de dollars à la Fondation de l’UQAM, dont un nouveau don de 170 000 $ confirmé en novembre dernier.
« L’important, c’est qu’on donne une chance de percer à des jeunes qui ont du talent. » C’est grâce à l’un de ses fondateurs que l’UQAM est aujourd’hui une grande université de recherche et de création où on soutient la relève comme jamais. Merci, monsieur Jeanniot!
http://100millions.uqam.ca/temoignages-en-details/2020-02-11/pierre-j-jeanniot-batir-luqam