Pierre J. Jeanniot
O.C.,C.Q.,B.Sc.,LL.D.,D.Sc.
Named Officer of the French Légion d’Honneur
Pierre Jeanniot was named Officer of the French Légion d’Honneur by the President of the Republic of France on 14th of April 2017 in recognition of his remarkable professional career and exceptional leadership of the International Air Transport Association. The insignia was awarded by the Ambassador of France to Canada, Mme. Kareen Rispal, at a ceremony held at the Consulate of France in Montreal on 13 November 2017.
ALLOCUTION PAR L’AMBASSADRICE DE FRANCE AU CANADA,
MME. KAREEN RISPAL, A L’OCCASION DE LA REMISE DE L’INSIGNE D’OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR À M. PIERRE J JEANNIOT
MONTREAL, LE 13 NOVEMBRE 2017
Cher M. Jeanniot,
Monsieur le Ministre,
Distingués invités,
Chers amis,
Nous sommes réunis ce soir pour célébrer la juste reconnaissance par la France du parcours éminent de M. Pierre Jeanniot.
M. Jeanniot
Né à Montpellier en 1933, vous êtes représentatif de ce que peuvent réaliser de meilleur nos compatriotes de l’étranger. Vous illustrez en effet l’excellence française déployée à l’international. Formé sur le terrain, vous avez gravi tous les échelons dans le secteur de l’aviation civile, au sein d’Air Canada, pour finalement accéder aux fonctions de président directeur-général d’Air Canada, mandat que vous avez exercé de 1984 à 1990.
A la tête d’Air Canada, vous avez piloté le projet de privatisation de l’organisation, qui était alors une société d’État. La restructuration de l’entreprise, que vous avez conduite avec succès, vous a valu d’être reconduit pour un deuxième mandat de président directeur-général.
Vos mérites ont pleinement justifié une première reconnaissance de notre pays, puisque vous avez été fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1991, un an après votre cessation de fonctions en qualité de PDG d’Air Canada.
En 1993, vous avez été le premier Français à diriger l’Association du transport aérien international (IATA), créée en 1945 et dont le siège est à Montréal. Premier et seul citoyen français jusqu’à ce jour élu à ce poste, on vous a surnommé “l’ambassadeur de l’aviation civile” et sous votre gouvernance l’IATA a été reconnue dans le monde entier comme le “porte-parole du secteur de l’aviation civile” pour avoir su faire valoir les intérêts du milieu international des transporteurs aériens.
Cher Pierre Jeanniot,
Durant votre mandat, qui s’est achevé en 2002, votre remarquable implication pour aider le secteur de l’aviation civile à traverser les périodes de crises et à en réduire les répercussions sur l’aviation doit être saluée. Vos talents ont été particulièrement manifestes lors des événements tragiques du 11 septembre 2001. Vous vous êtes ainsi attaché à atténuer les impacts de cette crise majeure en promouvant la coordination des échanges d’information entre les transporteurs aériens et les instances gouvernementales mais aussi l’harmonisation des réponses du secteur de l’aviation civile avec celles des autorités gouvernementales du Canada, des États-Unis, de l’Union européenne et de l’OACI, l’objectif ultime étant de rétablir le bon fonctionnement du réseau mondial de l’aviation et d’apporter des réponses rapides, efficaces et sécuritaires.
En votre qualité de directeur général de l’IATA, vous vous êtes fixé des objectifs ambitieux :
– renforcer, grâce à la mise en place d’un organisme externe d’évaluation, la sécurité du secteur de l’aviation civile internationale afin de réduire de 50 % le taux d’accidents sur dix ans, cible qui a été atteinte dès 2005
– convaincre par ailleurs le secteur de l’aviation civile de reconnaître ses responsabilités environnementales (normes pour réduire le bruit et les émissions)
– promouvoir une expansion efficace et durable de l’espace aérien et des aéroports.
– enfin, accroître le nombre de membres de l’IATA de 200 à 280 transporteurs aériens (en y intégrant les transporteurs chinois).
M. Jeanniot,
Grâce à votre action, l’influence de l’IATA a été renforcée. Cette institution est également devenue un important fournisseur de produits destinés au secteur de l’aviation, notamment en matière de formation et de perfectionnement des ressources humaines. Votre engagement indéfectible au sein de l’IATA a été salué par tous vos pairs et vous ont valu le titre de « directeur général émérite ».
Vos compétences, unanimement reconnues, vous ont ensuite conduit à occuper le poste de président du conseil de Thales Canada, entre 2003 et 2009.
Pierre Jeanniot
Au titre des nombreux et éminents services rendus au secteur de l’aviation civile internationale en votre qualité de directeur général de l’IATA, organisation aujourd’hui reconnue mondialement et constituant une référence dans le domaine du transport aérien, j’estime pleinement justifié de vous promouvoir au grade d’Officier de la Légion d’honneur. Cette très haute distinction est une juste récompense de votre indéniable contribution à l’aviation civile internationale et au rayonnement de la France.
Monsieur Pierre Jeanniot,
Au nom du Président de la République Française, et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur.
REPONSE DE PIERRE J JEANNIOT À L’ALLOCUTION DE L’AMBASSADRICE DE FRANCE,
MME. KAREEN RISPAL, À L’OCCASION DE SA REMISE DES INSIGNES D’OFFICIER DE LA LÉGION D’HONNEUR
MONTREAL, LE 13 NOVEMBRE 2017
Mme l’Ambassadrice de France au Canada, Mme. la Consule générale de France à Montréal, distinguished guests, membres de la famille, chers amis.
Permettez-moi, en tout premier lieu, de remercier chaleureusement Mme. Rispal, l’Ambassadrice de France pour s’être déplacée à Montréal à l’occasion de cette cérémonie et pour les commentaires élogieux qu’elle a eu la bonté de m’adresser.
Mais je tiens aussi à la remercier pour les efforts de l’Ambassade, qui a contribué à dénouer un certain imbroglio au sujet de ma nomination en tant que Chevalier.
Efforts qui ont permis d’authentifier cette première nomination qui n’avait pas, semble-t-il, été homologuée. Et je vous en suis totalement reconnaissant.
Je voudrais également très sincèrement remercier la Consule Générale de France à Montréal d’avoir mis « sur les rails » le processus de promotion.
Processus qui ne semble pas, d’ailleurs, avoir été démarré par ses prédécesseurs, sans doute faute de temps.
Je voudrais également dire à la Consule Générale combien je suis sensible à cette chaleureuse réception organisée chez elle à l’occasion de cette promotion.
Mme. l’Ambassadrice, je reçois en toute humilité cette importante distinction.
Distinction qui revient de bon droits aux nombreux professionnels et spécialistes qui ont contribué aux succès de l’Association Internationale d’Aviation Civile.
I am much honored to have served as the International Air Transport Association`s leader for ten years.
The very significant and successful achievements by the International Air Transport Association during that ten-year period is very much a function of the professionalism, the dedication of the outstanding group of specialists who made those successes possible.
I will be forever grateful for their outstanding contribution.
Durant cette période, le volume du trafic aérien a presque doublé.
Nous avons connu, et nous connaissons toujours, une formidable expansion du trafic Asiatique.
La croissance a été très rapide aux Indes, en Malaisie, en Indonésie, au Vietnam et particulièrement en Chine.
Nous avons connu l’émergence de nouvelles lignes aériennes, et les besoins pressants d’effectifs d’expérience ainsi que de personnel qualifié.
Ces conditions de croissance accélérées nous posaient un important défi, qui a mis considérablement à contribution les ressources de l’IATA.
At the same time, and in spite of those excessive demands on our resources, our great professionals enabled our industry to achieve a 50% reduction in the fatal accident rate over a 10-year period.
Et nous avons réduit le taux d’accidents de 50% en dix ans!
The successes of our team were numerous and impressive, but let me mention only two in the interests of time.
Il y a une vingtaine d’années, les pays Africains ne représentaient moins de 3% du trafic mondial et malheureusement, étaient considérés responsables de quelques 20 à 25% de tous les accidents aériens graves.
Les causes étaient connues, mais elles étaient malheureusement fonction de multiples facteurs.
Il y avait des carences en équipement, en formation, en infrastructure, en compétences, en financement, etc.
Il était difficile de persuader les gouvernements d’agir, de prendre la chose au sérieux.
Il était difficile de les convaincre de conserver les redevances aériennes pour les besoins de l’aviation plutôt que de les verser dans le budget consolidé.
Les progrès étaient très lents.
Par hasard, le deuxième mandat du Président Bill Clinton nous présenta une opportunité.
Le Président Clinton avait décidé d’examiner la possibilité d’augmenter les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le continent Africain.
Il proposait de négocier un nombre de nouvelles liaisons aériennes entre les deux continents afin de stimuler les échanges commerciaux.
Nous avions déjà rencontré Rodney Slater, le nouveau secrétaire du transport du Cabinet Clinton.
Rodney, un Afro-Américain, avait été chargé par Bill Clinton d’agir comme ‘Sherpa’ pour la visite que Bill Clinton se proposait de faire.
Le directeur pour l’Afrique de l’IATA était un Sénégalais diplômé de la Sorbonne du nom de Sassy N’Diaye, grand fumeur de cigares qui était responsable de nos relations à l’IATA avec les divers gouvernements Africains.
Nous avons proposé que notre Directeur pour les Relations Africains accompagne le Secrétaire du Transport pour cette visite préparatoire.
Il a été facile de démontrer, grâce aux études détaillées accomplies par nos services techniques, qu’il était nécessaire d’améliorer, considérablement, la sécurité des liaisons aériennes avant de développer des nouvelles lignes.
Et il était clair qu’il y avait suffisamment de fonds pour les besoins en amélioration si ceux-ci étaient alloués aux aéroports, aux contrôles aériens etc.
De cette intervention est né le programme Américain nommé « Safe Skies Over Africa » qui devint une condition à la visite du Président Clinton.
Cet important « coups de pouce » a grandement aidé nos spécialistes à suggérer et encadrer des mesures visant à améliorer substantiellement la sécurité aérienne en Afrique.
Le deuxième exemple, que je me proposerais de mentionner rapidement, concerne l’implémentation des activités de l’IATA en Chine.
La République Démocratique Chinoise était bien sûr déjà membre de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile, organisme des Nations Unies, mais avait jusqu’alors choisi de ne pas être membre de l’IATA.
Un accident aérien spectaculaire devint un élément déclencheur qui nous procura une opportunité de rencontrer le Ministre Chinois du Transport, et de le convaincre de la nécessité de permettre aux compagnies aériennes Chinoises de se joindre à l’IATA.
Un Boeing 737 d’une ligne aérienne Chinoise venait de percuter une montagne, résultant en une perte totale.
Les derniers mots prononcés dans le poste de pilotage avant l’accident enregistrés par la boite noire indiquaient clairement des lacunes importantes, élémentaires, dans la formation de leurs pilotes.
Le commandant n’avait pas compris le signal vocal émis par l’avion lui demandant de changer d’altitude.
Sans pleine compréhension des conventions universelles requises, l’expansion internationale rapide espérée par le gouvernement Chinois était voué à l’échec.
Suite à notre discussion, le Ministre du Transport nous a alors proposé de familiariser tous leurs commandants de bord avec les conventions internationales sous peine de perdre leurs fonctions de commandant.
Ce projet fut suivi rapidement par un projet conjoint, «un joint venture », entre la Chine et l’IATA pour traduire en Mandarin la bible, les instructions sur le transport en avion des matières dangereuses.
Et ainsi de suite, et je dois dire qu’une fois le support du Ministre du Transport acquis, l’implémentation des services et normes de l’IATA s’est déroulée rapidement.
Aujourd’hui, les activités de l’IATA en Chine sont plus importantes que dans n’importe quel autre pays.
Durant la période de quelques dix années que j’ai passée à la tête de l’IATA, on m’a souvent infligé le titre d’Ambassadeur de l’Aviation Civile Internationale.
J’ai été mêlé à bien des conflits internationaux, en particulier ceux qui affectaient directement l’aviation commerciale internationale.
Parfois il est question de ‘point de vue’.
Je me souviens d’un dicton Africain qui dit que ‘pour une grenouille au fond d’un puit, l’univers apparait très petit.
J’ai été témoin de l’importance de la diplomatie dans le règlement des conflits.
Et j’ai pu observer “qu’un Ambassadeur qui s’amuse … c’est plus rassurant … qu’un Ambassadeur qui travail » …
Et, en dépit des nombreux conflits internationaux qui sont présents aujourd’hui, je tiens à offrir à l’Ambassadrice de France au Canada nos meilleurs vœux pour un séjour des plus agréable.
Merci