Pierre J. Jeanniot
O.C.,C.Q.,B.Sc.,LL.D.,D.Sc.
Réponse de Pierre J. Jeanniot à l’allocution de l’Ambassadrice de France, Mme. Kareen Rispal, à l’occasion de la remise des insignes d’Officier de la Légion d’honneur
Mme l’Ambassadrice de France au Canada, Mme. la Consule générale de France à Montréal, distinguished guests, membres de la famille, chers amis.
Permettez-moi, en tout premier lieu, de remercier chaleureusement Mme. Rispal, l’Ambassadrice de France pour s’être déplacée à Montréal à l’occasion de cette cérémonie et pour les commentaires élogieux qu’elle a eu la bonté de m’adresser.
Mais je tiens aussi à la remercier pour les efforts de l’Ambassade, qui a contribué à dénouer un certain imbroglio au sujet de ma nomination en tant que Chevalier.
Efforts qui ont permis d’authentifier cette première nomination qui n’avait pas, semble-t-il, été homologuée. Et je vous en suis totalement reconnaissant.
Je voudrais également très sincèrement remercier la Consule Générale de France à Montréal d’avoir mis « sur les rails » le processus de promotion.
Processus qui ne semble pas, d’ailleurs, avoir été démarré par ses prédécesseurs, sans doute faute de temps.
Je voudrais également dire à la Consule Générale combien je suis sensible à cette chaleureuse réception organisée chez elle à l’occasion de cette promotion.
Mme. l’Ambassadrice, je reçois en toute humilité cette importante distinction.
Distinction qui revient de bon droits aux nombreux professionnels et spécialistes qui ont contribué aux succès de l’Association Internationale d’Aviation Civile.
I am much honored to have served as the International Air Transport Association`s leader for ten years.
The very significant and successful achievements by the International Air Transport Association during that ten-year period is very much a function of the professionalism, the dedication of the outstanding group of specialists who made those successes possible.
I will be forever grateful for their outstanding contribution.
Durant cette période, le volume du trafic aérien a presque doublé.
Nous avons connu, et nous connaissons toujours, une formidable expansion du trafic Asiatique.
La croissance a été très rapide aux Indes, en Malaisie, en Indonésie, au Vietnam et particulièrement en Chine.
Nous avons connu l’émergence de nouvelles lignes aériennes, et les besoins pressants d’effectifs d’expérience ainsi que de personnel qualifié.
Ces conditions de croissance accélérées nous posaient un important défi, qui a mis considérablement à contribution les ressources de l’IATA.
At the same time, and in spite of those excessive demands on our resources, our great professionals enabled our industry to achieve a 50% reduction in the fatal accident rate over a 10-year period.
Et nous avons réduit le taux d’accidents de 50% en dix ans!
The successes of our team were numerous and impressive, but let me mention only two in the interests of time.
Il y a une vingtaine d’années, les pays Africains ne représentaient moins de 3% du trafic mondial et malheureusement, étaient considérés responsables de quelques 20 à 25% de tous les accidents aériens graves.
Les causes étaient connues, mais elles étaient malheureusement fonction de multiples facteurs.
Il y avait des carences en équipement, en formation, en infrastructure, en compétences, en financement, etc.
Il était difficile de persuader les gouvernements d’agir, de prendre la chose au sérieux.
Il était difficile de les convaincre de conserver les redevances aériennes pour les besoins de l’aviation plutôt que de les verser dans le budget consolidé.
Les progrès étaient très lents.
Par hasard, le deuxième mandat du Président Bill Clinton nous présenta une opportunité.
Le Président Clinton avait décidé d’examiner la possibilité d’augmenter les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le continent Africain.
Il proposait de négocier un nombre de nouvelles liaisons aériennes entre les deux continents afin de stimuler les échanges commerciaux.
Nous avions déjà rencontré Rodney Slater, le nouveau secrétaire du transport du Cabinet Clinton.
Rodney, un Afro-Américain, avait été chargé par Bill Clinton d’agir comme ‘Sherpa’ pour la visite que Bill Clinton se proposait de faire.
Le directeur pour l’Afrique de l’IATA était un Sénégalais diplômé de la Sorbonne du nom de Sassy N’Diaye, grand fumeur de cigares qui était responsable de nos relations à l’IATA avec les divers gouvernements Africains.
Nous avons proposé que notre Directeur pour les Relations Africains accompagne le Secrétaire du Transport pour cette visite préparatoire.
Il a été facile de démontrer, grâce aux études détaillées accomplies par nos services techniques, qu’il était nécessaire d’améliorer, considérablement, la sécurité des liaisons aériennes avant de développer des nouvelles lignes.
Et il était clair qu’il y avait suffisamment de fonds pour les besoins en amélioration si ceux-ci étaient alloués aux aéroports, aux contrôles aériens etc.
De cette intervention est né le programme Américain nommé « Safe Skies Over Africa » qui devint une condition à la visite du Président Clinton.
Cet important « coups de pouce » a grandement aidé nos spécialistes à suggérer et encadrer des mesures visant à améliorer substantiellement la sécurité aérienne en Afrique.
Le deuxième exemple, que je me proposerais de mentionner rapidement, concerne l’implémentation des activités de l’IATA en Chine.
La République Démocratique Chinoise était bien sûr déjà membre de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile, organisme des Nations Unies, mais avait jusqu’alors choisi de ne pas être membre de l’IATA.
Un accident aérien spectaculaire devint un élément déclencheur qui nous procura une opportunité de rencontrer le Ministre Chinois du Transport, et de le convaincre de la nécessité de permettre aux compagnies aériennes Chinoises de se joindre à l’IATA.
Un Boeing 737 d’une ligne aérienne Chinoise venait de percuter une montagne, résultant en une perte totale.
Les derniers mots prononcés dans le poste de pilotage avant l’accident enregistrés par la boite noire indiquaient clairement des lacunes importantes, élémentaires, dans la formation de leurs pilotes.
Le commandant n’avait pas compris le signal vocal émis par l’avion lui demandant de changer d’altitude.
Sans pleine compréhension des conventions universelles requises, l’expansion internationale rapide espérée par le gouvernement Chinois était voué à l’échec.
Suite à notre discussion, le Ministre du Transport nous a alors proposé de familiariser tous leurs commandants de bord avec les conventions internationales sous peine de perdre leurs fonctions de commandant.
Ce projet fut suivi rapidement par un projet conjoint, «un joint venture », entre la Chine et l’IATA pour traduire en Mandarin la bible, les instructions sur le transport en avion des matières dangereuses.
Et ainsi de suite, et je dois dire qu’une fois le support du Ministre du Transport acquis, l’implémentation des services et normes de l’IATA s’est déroulée rapidement.
Aujourd’hui, les activités de l’IATA en Chine sont plus importantes que dans n’importe quel autre pays.
Durant la période de quelques dix années que j’ai passée à la tête de l’IATA, on m’a souvent infligé le titre d’Ambassadeur de l’Aviation Civile Internationale.
J’ai été mêlé à bien des conflits internationaux, en particulier ceux qui affectaient directement l’aviation commerciale internationale.
Parfois il est question de ‘point de vue’.
Je me souviens d’un dicton Africain qui dit que ‘pour une grenouille au fond d’un puit, l’univers apparait très petit.
J’ai été témoin de l’importance de la diplomatie dans le règlement des conflits.
Et j’ai pu observer “qu’un Ambassadeur qui s’amuse … c’est plus rassurant … qu’un Ambassadeur qui travail » …
Et, en dépit des nombreux conflits internationaux qui sont présents aujourd’hui, je tiens à offrir à l’Ambassadrice de France au Canada nos meilleurs vœux pour un séjour des plus agréable.
Merci